4 octobre 2024

Le pire n'est jamais sûr

Si l'activité aux États-Unis semble solide, il n'en est pas de même en zone Euro et particulièrement dans le secteur automobile. 

Le secteur affronte effectivement un certain nombre de vents contraires : des volumes de ventes qui se contractent (82 M de véhicules en 2022 vs 95 en 2017 pour le marché mondial), une transition vers l'électrification nécessitant des investissements massifs et une concurrence notamment chinoise exacerbée.

Les taux de marge qui se situent à 6 % du chiffre d'affaires pourraient encore diminuer et réduire le niveau de profitabilité, en particulier en cas de guerre des prix pour protéger les parts de marché.



Le secteur automobile : un secteur malmené

On le voit, le secteur broie du noir et des restructurations chez les grands opérateurs se dessinent. Les analystes ont revu à la baisse les résultats attendus en 2024 pour le secteur (-20 % par rapport aux attentes du début d'année). Dans ce contexte, les valeurs du secteur automobile sont malmenées en bourse. Depuis le début de l'année, l'indice Euro Stoxx du secteur automobile est en retrait de 10 % (-42 pour Stellantis, -23 % pour BMWW et -16 % pour Volkswagen).

Pourtant, le pire n'est jamais sûr. En effet, les investisseurs exigent aujourd'hui une prime de risque élevée pour investir sur le secteur. Les cours se négocient en moyenne à 6,5x les résultats attendus en 2024, contre une moyenne de 9,1 sur les 10 dernières années. Le taux du dernier dividende de l'indice Euro Stoxx Automobile s'élève à 6 %. Cette prime de risque devrait jouer un rôle de marge de sécurité pour les investisseurs.

Le secteur automobile : un secteur agile

En second lieu, le secteur a montré pendant la crise du Covid qu'il savait faire preuve d'agilité. Les restructurations récentes, en cours et à venir chez les différents opérateurs devraient permettre de préserver en partie leur profitabilité. Une chute des taux de marge de 6 % aujourd'hui à 5 %, concomitante à une baisse des volumes, remettrait le secteur sur des trajectoires de long terme. L'intervention de la Commission européenne afin de prévenir les concurrences déloyales par sa politique de tarif douanier pourrait aussi contribuer à la survie du secteur.

En prenant ces hypothèses, qui correspondent à une baisse de 25 % des profits sur les 5 prochaines années et un retour à des multiples conformes à la moyenne (9,1), le secteur serait en mesure d'afficher des performances boursières honorables (autour de 7,5 % par an). Il ne s'agit pas de prévision, mais d'un simple calcul qui vise simplement à mettre en perspective les décotes actuelles dans un scénario de pérennité de l'industrie automobile européenne.

François Jubin

Directeur Général Zenith AM