12 avril 2024

Qui paie ses dettes s'enrichit !

Cet adage populaire suggère qu'une gestion saine de ses finances personnelles permet davantage de liberté et de stabilité financière. Mais cet adage, pourrait-il s'appliquer à la gestion des finances publiques ? 

Il suffit de comparer les taux d'endettement et les taux d'intérêts au sein des pays de la zone Euro pour comprendre que l'orthodoxie financière conduit à diminuer les coûts de financement de la dette publique.

Avec une dette publique qui s'élève à 144 % du PIB, les taux 10 ans italiens se situent à 3,80 %, lorsque l'Allemagne dont la dette publique est limitée à 66 % du PIB peut financer sa dette à 2,45 %. La France occupe, quant à elle, une situation intermédiaire, avec une dette publique à hauteur de 110 % du PIB et un taux 10 ans à 2,95 %.

Cet écart serait sans doute plus important si les mécanismes d'intervention ("Transmission Protection Instrument") dont dispose la Banque centrale européenne, n'avaient pas été mis en place en 2022.

Les dettes publiques s'accumulent...

Les dettes publiques ont été accumulées au fil du temps pour soutenir l'activité économique face aux différents chocs intervenus. En 1970, les dettes publiques représentaient 36 % du PIB des économies développées[1]. Elles ont connu une ascension vertigineuse en réaction au premier confinement de 2020, pour atteindre aujourd'hui 123 % du PIB. Quatre ans après, les déficits restent très élevés (6 % du PIB) et ne permettent pas de stabiliser le ratio dette sur PIB qui devrait atteindre 129 % du PIB des économies avancées en 2028.

L'ensemble des économies développées aborde donc la hausse des taux d'intérêt initiée par les banques centrales avec des montants de dette à refinancer inédits. La charge de la dette va grever les finances publiques et contraindre les États les plus dispendieux à davantage d'orthodoxie.

Un effort d'épargne envisageable 

Ce faisant, l'effort d'épargne qui pourrait être demandé aux acteurs publics sera autant de ressources en moins pour soutenir l'économie. Il faudra donc que d'autres acteurs (les ménages, les entreprises ou les pays disposant d'excédents courants) puisent dans leur épargne, pour que la rigueur des premiers ne conduise pas à un ralentissement économique.

Ce rééquilibrage des dettes devrait entraîner avec lui une diminution du patrimoine des investisseurs. En effet, les dettes des uns ont pour contrepartie le patrimoine des autres. Le vieillissement de la population induira, sans doute, un transfert intergénérationnel pour financer le train de vie des plus âgés.

Ajoutons que le niveau absolu des dettes importe peu, mais qu’il convient de considérer le ratio dette rapporté au PIB. Une sortie par le haut consiste à obtenir une croissance nominale suffisamment élevée pour permettre une décrue de ce ratio. Selon les perspectives du FMI, l’inflation et la croissance en volumes des économies avancées (environ 2 % chacun) devraient permettre une croissance nominale autour de 4 % supérieurs au taux d’intérêts apparents actuellement en vigueur sur les dettes publiques. Un retour des déficits publics sur des niveaux pré-Covid (autour de 3 %) devrait permettre de stabiliser ces ratios.

[1] Source FMI

François Jubin

Directeur Général Zenith AM