Une fin d'année en fanfare
Les places financières ont enregistré des records en cascade la semaine dernière, à la suite des ‘statu quo’ des banques centrales des deux côtés de l’Atlantique et du nouveau reflux de l'inflation américaine. L'appétit pour le risque reste donc intact à l'approche des fêtes de Noël, période traditionnellement propice aux marchés actions. Les opérateurs ont néanmoins préféré le discours de Jerome Powell à celui de Christine Lagarde, jugé plus accommodante. La Fed a, comme prévu, maintenu mercredi soir ses taux entre 5.25% et 5.50% pour la troisième fois consécutive, tandis que son président a indiqué que le taux directeur "se rapprochait, sinon avait déjà atteint son pic"... « La question de quand il sera approprié de baisser les taux commence à se poser », a-t-il même ajouté, alimentant ainsi les espoirs de fin du cycle de durcissement. Si la BCE a aussi opté pour une pause sur ses taux, sa présidente a quelque peu refroidi les attentes du marché en indiquant que l'heure de la baisse des taux n'avait pas encore sonné... Pour sa dernière réunion de l’année, la Fed a donc sorti le grand jeu. Même les plus optimistes n'auraient pas osé rêver d'un tel scénario. Les membres du comité de politique monétaire ont singulièrement modifié leurs positions par rapport à septembre dernier (date de la dernière réunion monétaire US). La Fed pourrait baisser ses taux directeurs de 75 points de base en 2024, soit une cible de 4,5%. Une aubaine pour les marchés actions qui attendent même 6 baisses de taux de 25bp (soit -1,5%). La détente obligataire se prolonge avec un rendement du 10 ans américain qui vient de repasser sous le seuil symbolique des 4% après avoir flirté avec les 5% au plus haut mi-octobre. Parmi les autres indicateurs publiés, on notera la faiblesse des PMI européens, qui suggèrent que la BCE, malgré son attitude plus combative que prévu, pourrait devoir envisager une baisse des taux rapidement. Les statistiques américaines, elles, résistent toujours.
Les grands "Paris" des investisseurs pour 2024
La grande banque américaine Bank of America (BofA) a publié sa dernière enquête auprès des gérants d’actifs mondiaux. Les professionnels ont promu en décembre en risque principal un décrochage économique brutal (‘hard landing’). Néanmoins, plus de 2/3 des intervenants s’attendent toujours à un atterrissage en douceur de l’économie mondiale (‘soft landing’). En novembre, la menace principale était une dégradation géopolitique majeure (conséquence de l'attaque du Hamas et de la riposte israélienne). Ces deux risques marquent une nouveauté par rapport aux 36 mois précédents, largement dominés par la crainte des conséquences des taux élevés. L'enquête montre aussi que les paris les plus consensuels du moment sont d’être acheteur sur les sept magnifiques" (Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet, Nvidia, Tesla, Meta) et les actions japonaises (en yen). Rien de bien original et dans la continuité de 2023... Un chouïa plus intéressant, BofA a demandé aux gérants la liste des actifs qui offriraient les meilleures performances si la Fed commençait à baisser ses taux dès le 1ᵉʳ semestre 2024. La réponse la plus fréquemment donnée a été l’achat d’obligations US à 30 ans, devant les actions à très longue duration (les biotechs et les acteurs de l'énergie renouvelable par exemple). Enfin, en troisième position, les gérants pensent qu'il faut être long sur les actifs décotés – la value - (banques et petites capitalisations) sauf sur l’énergie. Les flux seront également à surveiller, car malgré des entrées de capitaux records la semaine dernière sur les actions américaines et des performances solides, les souscriptions nettes ne s’élèvent « qu’à 100MM$ » versus plus de 1000MM$ sur le monétaire. La baisse des taux et le reflux de l’inflation en 2024 pourraient drainer une partie de cette épargne vers les actifs plus risqués en 2024.
Source : Zenith AM
Crédit images : Gettyimages
Achevé de rédiger par Olivier Boularand le 21/12/2023
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