La prudence des ménages européens
Si les indicateurs économiques des derniers mois donnent régulièrement l’occasion de souligner la résilience du consommateur américain, la tendance semble différente sur le Vieux Continent… Les conséquences de la fulgurante remontée des taux opérés en zone euro continuent de se faire sentir, sur fond de perspectives économiques dégradées. Nos amis d’outre-Rhin semblent parmi les plus touchés par ces dégradations, comme l’a d’ailleurs confirmé la publication de l’indice Gfk (indicateur de confiance du consommateur en Allemagne) ressortie en deçà des attentes.
Effet négatif du rebond des prix de l’énergie, tensions sur le front industriel… Les risques pesant sur la consommation intérieure restent persistants à court terme. Comme le souligne CIC, cette même consommation pourrait être soutenue par une épargne de précaution déjà « partiellement reconstituée ». En France, la trajectoire semble être peu ou prou la même puisque l’indicateur de confiance des ménages publié mardi par l’INSEE fait état d’un léger repli par rapport au mois d’août.
Pour revenir au niveau européen et notamment aux préoccupations majeures des banquiers centraux, il est important que le rebond des prix de l’énergie reste transitoire, comme l’anticipent d’ailleurs les économistes, pour que la trajectoire de désinflation ne soit pas menacée. L'inflation a par exemple connu une nouvelle accélération en septembre en Espagne, pour atteindre 3,5% sur un an. La hausse des prix de l'électricité et des carburants est le premier facteur de ce rebond.
Le resserrement monétaire puissant déjà opéré devrait continuer de voir ses effets se diffuser à l’économie réelle, et donc peser sur l’activité… ce qui devrait tirer un peu plus l’inflation vers le bas ces prochains mois. C’est à cette condition que l’atterrissage en douceur de l’économie se réalisera. A suivre…
Pendant ce temps, outre-Atlantique…
L’arlésienne de la scène politique américaine est de retour ! Démocrates et républicains s’écharpent de nouveau quant aux dépenses budgétaires, et le risque de « shutdown *», -si aucun compromis n’émerge d’ici le 1er octobre-, se taille de nouveau une place dans les éditoriaux financiers.
Le chef de file républicain à la Chambre des représentants a jeté cette semaine de l’huile sur le feu en écartant la possibilité d’un texte de prolongation budgétaire permettant de repousser la « deadline » évoquée précédemment. Paradoxalement, ce « shutdown » ne serait peut-être pas une si mauvaise nouvelle pour certains acteurs de l’économie américaine… En des temps pas si lointains, chaque risque de « shutdown » donnait lieu à une mise en garde quant au risque que celui-ci ferait pesait sur l’activité américaine.
Le contexte est cette fois-ci différent, puisqu’il a souvent été reproché à l’administration Biden de mener une politique budgétaire trop expansionniste, en contradiction avec la politique restrictive menée par la Fed. Il ne serait finalement pas surprenant qu’un blocage temporaire de l’administration soit finalement « salué par les opérateurs et entraîne une détente des taux américains qui battent des records ces dernières séances (le 10 ans américain tutoyant désormais le seuil des 4,6%)…
*Shutdown : mise à l’arrêt de l’ensemble des administrations fédérales du pays en raison du dépassement de plafond maximal de la dette américaine prévu par la loi. En 2019, sous l’administration Trump, un tel épisode qui a duré 35 jours a mis près de 800 000 fonctionnaires au chômage technique avant qu’un compromis soit trouvé entre démocrates et républicains sur l’extension du plafond de la dette.
Sources : WiseAM
Crédits images : Gettyimages
Achevé de rédiger par Guillaume Brusson le 29/09/2023
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