Jerome Powell corrige la copie des opérateurs
Les semaines se suivent… et se ressemblent dans les salles de marchés, alors que les derniers jours ont été marqués par une volatilité persistante en lien avec les préoccupations croissantes liées à l'inflation. Les investisseurs ont en effet réagi aux indicateurs économiques, notamment aux chiffres de l'emploi aux États-Unis, qui ont dépassé les attentes… ce qui a pu également alimenter les craintes d'une politique monétaire plus stricte. C’est dans ce contexte que se tenait la toujours très attendue réunion de la Réserve Fédérale… qui n'a finalement offert aucune surprise majeure aux observateurs, avec le maintien des taux directeurs au niveau anticipé et une communication mesurée de la part de Jerome Powell.
Bien que l'institution exprime sa "confiance" dans la capacité de l'inflation à converger vers sa cible, elle se montre prudente et demande des preuves supplémentaires avant d'envisager une baisse des taux directeurs. Une position qui a conduit le président Jérôme Powell à exclure la possibilité d'une baisse en mars à ce stade, entraînant une réaction négative sur les marchés boursiers américains jeudi soir.
De manière plus surprenante, le rendement du 10 ans américain a chuté de plus de 10 points malgré le ton modérément restrictif de la Fed !
Avec élégance et diplomatie, Jerome Powell a (pour le moment) écarté d’un revers de main le rêve du marché, à savoir une éventuelle baisse des taux dès le mois de mars, en affirmant : "Je ne pense pas qu'il soit probable que le comité atteigne un niveau de confiance suffisant d'ici à la réunion de mars". Les autres commentaires du président incitent désormais les observateurs les plus optimistes à envisager la possibilité d'une première baisse des taux en mai… et les moins rêveurs en juin. A suivre !
La zone euro évite la récession !
Les chiffres du PIB du quatrième trimestre 2023 dans la zone euro ont réservé une surprise finalement positive, puisque l’Euroland affiche une croissance nulle après une légère contraction au trimestre précédent… et évite donc l’entrée en récession !
En dépit des effets du resserrement monétaire et des pertes de pouvoir d'achat des ménages, la stabilité globale du PIB dissimule toutefois, comme le souligne une analyse publiée par CM-CIC, des disparités significatives entre les pays membres. Tandis que l'Allemagne a connu une croissance négative (-0,3%) et la France stagné, l'Espagne, l'Italie et le Portugal ont enregistré une progression de leur activité. L'économie française a affiché une croissance de 0,9% en 2023.
Bien que la croissance ait stagné au cours de l'été et de l'automne, les six premiers mois de l'année ont été marqués par une activité économique plus robuste, permettant d'atteindre cette performance, selon l’INSEE. Pour évaluer cette performance, il est essentiel de prendre en compte l'évolution du PIB depuis 2019. Malgré la récession majeure en 2020 (-7,5%) due à la pandémie de Covid-19, la France a connu un rebond significatif en 2021 (+6,4%) et en 2022 (+2,5%).
Sur les cinq dernières années, la croissance moyenne annuelle en France s'élève à 0,7%... soit un niveau deux fois supérieur à celui de l'Allemagne, dont la croissance moyenne plafonne à 0,3%. L’Hexagone a donc mieux rebondi après la crise sanitaire, notamment à la faveur de son orientation vers les services tels que le tourisme, le commerce, les transports et la finance… tandis que l'Allemagne, axée sur l'industrie, a été plus durement touchée par l’inflation en 2023 en raison des prix élevés de l'énergie. Notons cependant que cette croissance française plus robuste s'accompagne d'une hausse importante des dépenses publiques, creusant la dette publique, passant de 97,4% du PIB en 2019 à 111,7% en 2023. En comparaison, l'Allemagne, moins dépensière, conserve un niveau de dette publique raisonnable, atteignant 64,8% du PIB.
Source : Zenith AM
Crédit images : Gettyimages
Achevé de rédiger par Guillaume Brusson et François Moisselin le 02/02/2024
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