BIENTÔT LE PIVOT ?
La Banque centrale américaine a voté à l’unanimité le relèvement du taux cible des fonds fédéraux de 25 points de base (dans une fourchette de 5% à 5,25%). Une nouvelle tout sauf surprenante pour les observateurs tant cette décision était attendue !
Comme souvent avec le communiqué ou la conférence de presse de la Banque centrale, le diable se cache dans les détails… ou entre les lignes ! Le communiqué publié en amont de la conférence de presse marque un vrai virage de la Réserve fédérale… puisque « le comité prévoit qu’un renforcement supplémentaire de la politique pourrait être approprié ».
Autrement dit, et pour la première fois depuis près d’un an, il n’est pas gravé dans la roche que la prochaine réunion donnera lieu à un nouveau tour de vis monétaire !
Bien sûr, la Fed reste « data dependent ». « Pour déterminer dans quelle mesure un resserrement supplémentaire de la politique peut être approprié pour ramener l’inflation à 2% au fil du temps, le comité prendra en compte le resserrement cumulé de la politique monétaire, les décalages avec lesquels la politique monétaire affecte l’activité économique et l’inflation, et l’évolution économique et financière »… Comprendre : la suite (de la politique monétaire) dépend désormais des conséquences de la crise bancaire… et donc du durcissement supplémentaire des conditions de financement par les banques américaines que devrait engendrer le stress bancaire.
L’ampleur de cette seconde lame de durcissement monétaire sur la croissance économique demeure incertain mais constituera sans nul doute l’un des éléments les plus suivis par Jerome Powell et consorts…
Au-delà de ces considérations liées aux banques, la pause monétaire qui se dessine est également rendue possible par des signaux plus favorables en provenance de l’économie : les tensions sur le marché de l’emploi continuent de se résorber.
Les chiffres du chômage outre-Atlantique qui seront publiés demain (les « Non Farm Payroll ») tablent d’ailleurs sur un repli des créations nettes d’emplois par rapport au mois précédent. Peut-on pour autant imaginer plus qu’une pause (arrêt des hausses de taux) mais bien un véritable virage accommodant (baisse des taux) ? Les membres de la Fed, contrairement à certains investisseurs, ne croient toujours pas à une récession d’ampleur de l’économie américaine.
Selon Jerome Powell, les conditions ne sont donc toujours pas réunies pour anticiper une baisse des taux directeurs d’ici la fin de l’année civile, surtout que l’inflation reste élevée même si la décrue est amorcée… A suivre !
STRESS BANCAIRE AMÉRICAIN, ÉPISODE 2
Après les déboires de SVB, les retraits massifs de liquidités ont fait une nouvelle victime dans les camps des banques américaines les moins solides.
La banque régionale First Republic a ainsi subi au premier trimestre des retraits dépassant les 100 milliards de dollars. Le mastodonte J.P. Morgan, qui détient déjà selon CM CIC plus de 10% des dépôts bancaires américains, a donc endossé son costume de sauveur en se portant acquéreur de First Republic après que les autorités de régulation californiennes (FDIC) ont procédé à la saisie de la banque pour la somme de 13 milliards de dollars, puis la mise en vente des actifs pour plus de 10,6 milliards de dollars.
Les seuls véritables perdants de cet épisode restent les actionnaires de la First Republic, dont la capitalisation boursière avoisinait les 50 milliards de dollars en février dernier… Si le stress global est toujours présent, cette opération, et les pertes relativement limitées qu’elle représente pour le FDIC témoigne toutefois de la capacité des différentes autorités à protéger les dépôts et à empêcher tout risque systémique.
Les autorités américaines veillent toujours au grain, malgré les inquiétudes qui persistent sur le modèle des banques régionales qui a été mis à mal ces deux derniers mois. La situation s’est d’ailleurs stabilisée ces dernières semaines selon les données bancaires hebdomadaires publiées par la Fed.
Ce nouvel épisode est ainsi venu rappeler que la politique de hausse de taux directeurs destinée à lutter contre l’inflation s’inscrit dans un effort long et difficile pour ramener cette dernière vers son objectif de 2%. Selon les responsables de la Fed, la hausse des coûts de financement et ses conséquences restent malgré tout un moindre mal comparé à une inflation élevée et durable, telle que celle qui avait touché les Etats-Unis dans les années 1980.
Source : WiseAM, société de gestion du groupe Crystal
Crédits images : Adobe Stock
Achevé de rédiger par Guillaume Brusson le 05/05/2023
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